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Beaucoup d’organisations ont drastiquement évolué avec et en raison de la crise sanitaire du Covid-19. Parmi les cas de figures les plus fréquents on trouve la TPE qui a mis en place des VPN pour assurer une continuité de travail à ses salariés ou la PME ayant déployé de nouvelles routes sur les ordinateurs des employés dans le but d’utiliser des ressources habituellement accessibles à des postes sédentaires. Et puis il y a toutes les grandes entreprises qui étaient déjà rompues aux joies du télétravail et savaient déjà le mettre en œuvre techniquement. Le point commun entre toutes ces entreprises : une approche essentiellement technique du problème.

“Nous avons des salariés qui doivent travailler de chez eux, nous n’avons pas les moyens techniques de leur proposer, il va falloir trouver une solution à ce problème technique”

Dans cette approche, le problème humain a été mis de côté. Les dirigeants étaient contents d’avoir une solution technique et les salariés étaient heureux de pouvoir profiter d’une vie majoritairement bonifiée en télé-travail. Mais qu’en est-il sur la durée ? Je laisserai les personnes compétentes en sociologie en parler, mais je suis certain que nous allons voir émerger des conclusions intéressantes de cette crise sur le travail et le rapport au travail.

Mais revenons sur la technique. Tout le monde a dû, du jour au lendemain, réaliser des projets qui avant cette crise auraient duré plusieurs semaines ou plusieurs mois. Et comme dans toutes situations de crise, on se concentre sur le résultat et sur le délai et beaucoup moins sur la qualité et la méthode. C’est légitime car il faut être en mesure de rapidement remettre au travail des dizaines ou centaines de salariés. Mais que se passe-t-il après ? Que se passe-t-il quelques mois après avoir mis en place ces solutions rapides ? Il est temps de se pencher sur les modifications que le Covid-19 a induit dans la vie de ceux qui travaillent au quotidien dans le Cloud.

Le Cloud comme un outil de décentralisation rapide

La réflexion est simple et naturelle, une entreprise a besoin que ses salariés accèdent à un système informatique (quel qu’il soit) pour réaliser leur travail, mais ne veut pas ouvrir l’accès à ses ressources internes pour des raisons de sécurité. Le Cloud apparaît donc comme salvateur, les entreprise donnent accès à leur infrastructure Cloud mais pas à leurs infrastructures interne. Mais comment se passe le retour à la normale après le confinement ? Les salariés se sont habitués à travailler dans de bonnes conditions avec ces nouveaux outils, difficile de revenir sur un modèle qui fonctionne moins bien (en tout cas en apparence). Alors l’entreprise doit s’adapter et garder ses infrastructures Cloud.

“Et si on interconnectait le Cloud avec notre datacenter?”

La question peut faire sourire les entreprises qui réalisent ces interconnections depuis des années mais le sujet peut aussi être effrayant pour qui n’a jamais manipulé des diagrammes réseaux. Il faut échanger avec beaucoup de parties prenantes, il faut conduire des workshops pour trouver des solutions et parfois faire des compromis. Mais bien souvent, le besoin dépasse le contrôle et c’est à ce moment que commence “l’informatique de l’ombre” (de l’anglais shadow IT). Cette informatique de l’ombre émerge lorsque les besoins des utilisateurs ou des administrateurs ne sont pas assez rapidement pris en compte et adressés par les décideurs. Dans cette situation il est important de savoir rapidement reprendre le contrôle, faire un pas en arrière, monter dans un hélicoptère pour observer le contexte avec du recul, revoir les besoins et designer une infrastructure évolutive et efficace qui va répondre aux besoins réels des salariés devenus nomades. Le Cloud est un outil d’une politique de décentralisation mais ne doit pas en être l’initiateur sous peine de se livrer à de biens mauvais usage.

L’efficacité au détriment des coûts

Prenons un autre exemple, une société décide au début de la crise du Covid d’acheter des ordinateurs portables à ses employés qui utilisaient un ordinateur fixe. Puis, pendant la crise, un décideur IT réalise l’existence de solution de virtualisation d’espace de travail et souhaite migrer l’ensemble des salariés sur cette plateforme. La société aura donc dépensé deux fois de l’argent pour un service similaire. Il est important en effet lors de ces crises de prendre un peu de recul pour ne pas prendre de décision hâtive. En effet, dans cette situation, l’entreprise aurait tout de suite pu proposer à ses salariés d’utiliser leurs ordinateurs personnels pour se connecter à AWS Workspace (par exemple)en BYOD (bring your own device).

“Il vaut mieux surdimensionner l’infrastructure pour être sûr que tout fonctionne bien”

Il est important lorsque vous déployez des ressources dans le Cloud de bien mesurer l’impact économique et de calculer un TCO (Total Cost of Ownership) pour être sur qu’il corresponds à vos attentes. En effet il n’est pas rare de voir des infrastructures totalement surdimensionnées et qui coûtent donc beaucoup plus cher que ce qu’elles ne devraient. Lors d’un déploiement ou d’une migration dans le Cloud il est d’usage d’analyser les performances des machines en datacenter pour en déduire les besoins dans le Cloud. Une étape trop souvent sous-estimée réside dans l’analyse de l’utilisation réelle de ces machines pour être confiant sur les choix de dimensionnement réalisés. Enfin, une fois votre infrastructure déployée il est très important de mettre un rappel dans votre calendrier 2–3 mois plus tard pour revoir l’intérêt de chacune de vos ressources et surveiller votre facturation. C’est une erreur classique pour les entreprises qui se lancent seules dans l’aventure du Cloud public, comme beaucoup d’entreprise avec la crise du Covid-19.

La migration quoi qu’il en coûte

Dans une crise, il est généralement admis que la simplification est efficace et donc recherchée. Plus les processus sont simples, mieux ils sont appliqués. C’est d’ailleurs tout le challenge des gestes barrières liés à cette épidémie : il a fallu définir des gestes simples, faciles à reproduire pour n’importe qui y compris ceux, comme moi, qui ne sont ni épidémiologistes ni microbiologistes. Nous réagissons de la même façon pour les opérations IT, on recherche des processus simples et des opérations simples pour qu’elles puissent être réalisées dans de bonnes conditions y compris dans des situations de stress élevé. Dans ce genre de contexte, certains se sont peut être demandé s’il était facile de migrer des applications vers le Cloud. Après plus de 5 ans à superviser techniquement des migrations vers le Cloud public, que ce soit quelques machines ou plusieurs centaines, je peux vous dire que ce n’est pas nécessairement simple. Migrer des applications vers le Cloud nécessite une planification, puis une exécution qui demandent de l’entraînement, une sérieuse préparation ou un accompagnement. Dans une migration, plusieurs volets sont abordés : il faut d’abord définir des structures de compte, une architecture réseaux, des matrices d’accès utilisateurs, des process de maintien en conditions opérationnelles et une multitude d’autres éléments sans lesquels un déploiement Cloud ne sera pas optimal. Pour migrer vers le cloud public, il faut aussi prévoir d’opérer et là encore, ça ne s’improvise pas. Nous voyons trop d’entreprise qui pensent qu’il n’est pas nécessaire de faire évoluer leur modèle d’opération avec le Cloud, c’est une grave erreur qui risque de mettre en péril les performances et la disponibilité de leurs applications.

This post was originally available on Medium from 23/09/2020.